Depuis les années quatre-vingt en France, la question posée de l’intégration des migrants issus des colonies françaises et ayant la nationalité française a fait apparaître les dérives, sinon les contradictions, des principes républicains. Ces contradictions se sont données à voir dans l’émergence de revendications identitaires des premières générations de descendants de migrants touchant à la reconnaissance sociale (et non juridique) de leur appartenance nationale alors même qu’ils sont nés en France.
Ces problématiques identitaires, aujourd’hui largement étudiées par la sociologie de l’immigration, continuent de questionner la complexité d’un lien social qui se fonde, de plus en plus, sur des rapports interculturels. Or notre thèse est d’appréhender cette complexité dans une approche clinique et interdisciplinaire pour tenter d’apporter un éclairage des processus qui mènent à ce malaise vécu par cette population.
C’est par l’écoute du sens – et/ou l’absence de sens – parlé, interrogé, confronté, que le sujet révèle dans l’intersubjectivité (sens qui porte les significations imaginaires du vécu interculturel), que nous pouvons déplier les processus de construction de soi. Processus qui se fondent dans la transmission d’éléments, familiaux, du social, de l’histoire – et donc culturels. Plus spécifiquement, nous interrogeons des personnes des premières générations de descendants de migrants vietnamiens. Notre analyse consiste alors à penser dans le rapport interculturel cette complexité de leur besoin de reconnaissance, qui agit le sentiment d’appartenance, comme un désir de reconnaissance aux multiples ancrages (psychique et social).