L’itinérance s’inscrit dans un processus marqué conjointement par une désaffiliation sociale et une absence de « chez-soi ». Cette idée de processus décrit l’itinérance non pas comme un état fixe, stable et inhérent, mais comme une trajectoire de vie caractérisée par de multiples défis, ruptures, obstacles et contraintes. En d’autres termes, ce processus renvoie à une difficulté « à s’accrocher », à un lieu, à un emploi, à un réseau social, ou aux services d’aide. Tout au long de leur parcours de vie, les personnes peuvent être confrontées à des portes qui se ferment, les excluant au fur et à mesure de différentes sphères de la vie sociale, comme la famille, les amis, l’école, le tra-vail, le logement, les services d’aide, ou encore la citoyenneté. Au fur et à mesure que les personnes en situation d’itinérance, ou à risque de le devenir, font l’expérience de ces difficultés dans leurs parcours de vie, la zone d’intégration s’éloigne et se voit remplacée par une « spirale » (Gélineau, 2008) de zones de vulnérabilité, de désaffiliation et d’assistance, qui s’enchevêtrent au fil des évènements.